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miércoles, 10 de agosto de 2016

France: Les catholiques se découvrent comme une communauté marginale dans une société indifférente


Les nouveaux dogmes


Source: lesalonbeige.blogs.com



Le dernier ouvrage de Gérard Guyon, Le Catholicisme en France, essai sur un état des lieux (1), laisse un peu le lecteur sur sa faim. Aucun chiffre pour un état des lieux d'une Eglise en crise, c'est un peu léger. L'auteur, spécialiste du droit, décortique, à travers des thèmes, les étapes qui ont conduit à la situation actuelle où les catholiques se découvrent comme une communauté marginale dans une société indifférente. Coincés entre le laïcisme agressif et l'islam, les catholiques doivent effectuer cet exercice de lucidité sur les erreurs commises durant les dernières décennies. 

Extraits :

"Le modèle familial occidental, dit ancien ou traditionnel, a vécu. On peut le déplorer. Il faut surtout en analyser lucidement les causes et voir en particulier la conjonction de plusieurs facteurs dont la liberté, si unanimement louée et célébrée - même dans l'Eglise - au point de faire maintenant partie du dogme de la religion. Aussitôt qu'on aborde n'importe quel thème, elle est sous-jacente. Elle est devenue la nouvelle base sur laquelle doit se greffer toute idée, tout acte. On en sait pourtant bien les limites. On ne s'interroge d'ailleurs que très peu sur ce sujet. S'étonnant seulement lorsque c'est en son nom que l'on commet des crimes ou des actes qui entraînent des actions criminelles. Il se trouve même dans l'Eglise des clercs qui ne commencent pas leurs homélies sans l'avoir révérée.. Des évêques dont le vocabulaire en est constamment rempli. Surtout dans les interventions publiques, associées ou non à des cérémonies religieuses. Comme si Dieu, le Christ, ne nous avaient pas rendus libres une fois pour toutes de faire le bien en évitant d'accomplir le mal. Et en sachant le prix de l'un et de l'autre. Sachant surtout qu'il ne faut pas confondre le sens, que la liberté n'est pas bonne en soi mais seulement par l'usage qu'on en fait. Et qu'elle ne doit son existence que par la Loi Souveraine qui l'institue."

Autre sujet devenu dogmatique, la démocratie :


"C'est une interrogation devenue tabou. Mais suffit-il, pour l'Eglise, de faire comme si le problème ne se posait plus parce que son ralliement de fait à la République et à la démocratie, ayant laissé derrière lui toutes les querelles du passé sans résoudre les problèmes de fond, a finalement triomphé en France ? Cette reconnaissance dispense-t-elle les catholiques de réaffirmer sans cesse la spécificité profonde de la nature et de la primauté des objectifs spirituels, et de la soumission des hommes à la loi de Dieu ? C'est un leurre de croire ou de laisser croire qu'il existerait une compatibilité plénière, de fait et de droit, entre l'Eglise et la démocratie. Sauf à se situer dans une relation critique, sans cesse vigilante, comme en témoignent éloquemment les thèmes récurrents discutés dans la revue Liberté politique. Car c'est une tromperie de faire comme si les institutions religieuses et leurs fondations divines, et par là même le pouvoir souverain qui en découle, étaient identiques à celle des Etats."


(1) Résumé: 

Cet essai sur le catholicisme en France ne porte pas seulement en lui une nostalgie inguérissable de la civilisation française millénaire. Il relève, à travers des thèmes précis, les principales étapes qui ont conduit à la situation actuelle où les catholiques se découvrent comme une communauté marginale dans une société devenue indifférente à la foi qui l'a historiquement construite. Tandis qu'une sécularisation et un laïcisme agressif rendent leur vie spirituelle et leur pratique du culte de plus en plus difficiles, sauf de manière étroitement communautaire.Obligeant aussi leur Eglise à se couler dans le moule uniforme de la tolérance, de la pluralité des vérités, de la célébration de l'autonomie de la liberté individuelle issues des droits de l'homme, et à nouer des relations nouvelles de partenariat avec les autres religions, et face à un islam figé dans ses dogmes et ses lois séculières divinisées. 

Gérard Guyon, professeur émérite de l'Université de Bordeaux (droit, sciences politiques), a enseigné aussi à l'étranger (Göttingen, Berlin, Rome). Historien des institutions et des idées politiques, ses travaux portent principalement sur le rôle du christianisme dans les fondations de l'Europe. Auteur de nombreuses publications dans des revues françaises ou étrangères, il a écrit notamment Le choix du royaume, Justice de Dieu, justice des hommes, Chrétienté de l'Europe, Les milices de l'archange, La Règle de saint Benoit aux sources du droit.


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